Archives Journalières: 3 septembre 2010

Anniversaire, père et passe

Mon père tringlait tout ce qui bougeait. Je sais pas si c’est de famille, et puis je m’en fiche un peu de savoir si la libido est héréditaire ou pas. Quelle importance après tout ? Ça n’aurait fait aucune différence. Mon pater c’était ce genre de mec qui avait un physique de rêve : tablettes abdominales, brun, poilu, peau mate, un sex-appeal effroyable. Je crois l’avoir perçu assez rapidement.


Je n’avais pas sept ans. J’allais dans la salle de bain alors qu’il n’était pas encore tout à fait habillé, son slip blanc ressortait sur son teint et je le regardais se raser lentement, le blanc de la mousse contrastait sur ce visage embrasé par le soleil d’Afrique. Je doute que je maitrisais alors les érections, je savais ce que c’était, mon père me l’avait appris : « C’est quand ton zizi est tout dur quand tu regardes une jolie femme… »

Pas que, cher père ! En me délectant du spectacle qui se déroulait devant moi, je bandais. Ça ne se voyait certainement pas, un petit truc de rien du tout, mais je la sentais bien cette bandaison en te regardant. Je m’amusais à prendre des positions indolentes pour entrevoir ce qu’il y avait dans ce foutu slip blanc ; parfois même je glissais un doigt au niveau de ta colonne vertébrale et descendais jusqu’à l’élastique ; je le soulevais légèrement pour entrevoir tes fesses bien dures et le relâchais dans un clac qui te surprenait à chaque fois.

J’aimais tellement ses sous-vêtements que je les lui volais sur son étagère afin de m’en faire des doudous. Sentir le coton épais de son slip contre ma joue, renifler la lessive, caresser l’endroit interdit, faire comme si c’était pour de vrai. On dira que je jouais, mais je ne savais pas vraiment à quel jeu je jouais. L’instinctif ?
Ma mère avait découvert ma cachette sous mon matelas, sans mot dire, elle les récupérait.

Mon père n’était pas vraiment présent préférant s’occuper de la femme de son meilleure pote. Elle était plutôt pas mal, pas grand chose dans la tête, mais elle suçait bien : c’est mon vieux qui me l’a dit. Il la culbutait, la vergeait dès qu’il avait un moment de libre. Son pote, il disait rien, il regardait simplement. Je pense qu’il se paluchait aussi devant ce spectacle. Ma mère, elle, ne se doutait de rien. Moi, la Elisabeth, je l’aimais pas trop, bien qu’elle m’ait permis de voir ma première érection à travers un pantalon.

Un dimanche ou un samedi, je ne sais plus trop.
Mais le souvenir est clair : je passe sous la table discrètement. C’est un jeu d’enfant mais pas vraiment innocent… Ce qui m’attirait : les jupes des femmes et les entrejambes des mecs.
Ce jour-là, je me suis approché de mon père, une main de femme lui caressait sa bosse. Je ne l’avais jamais vue comme ça ! Elle était bien grosse. La main s’est introduite dans l’entrebâillement de la fermeture éclair.

Je trouvais la situation particulièrement amusante, ce ballet de mains interdit. Je me taisais, j’observais voilà tout. Je n’ai rien dit à ma mère, ni à mon père. J’avais peur, une peur sans mots, d’ailleurs ils ont manqué les mots à mes parents quand on est parti du village. Il y en avait pourtant plein d’écrits sur le mur de la maison : « enfoiré », « saleté », « surveille ton mari salope », « sale juif », je n’arrivais pas à les lire mais j’ai vu ma mère s’esquinter les mains à force de frotter ces inscriptions noires de calomnie. Je me souviens qu’elle pleurait, qu’elle se cachait. Je rentrais de l’école seul, elle ne m’attendait plus à la sortie. J’avais peur.

On est arrivé en Normandie en Septembre le jour de mon anniversaire, c’était le trois. Je venais d’avoir huit ans et mes copains, Bruno, Philippe, Claude et les autres, n’étaient plus là. J’étais seul dans un quartier de merde où le béton avait remplacé mes peupliers. J’allais commencer une vie déchiré, déchiré par la beauté d’un père.

Je n’ai jamais pu quitter cette région, j’y vis encore, et j’ai quarante et un ans aujourd’hui.

Quatorze Cent-Quarante-et-Un
(alias Daïdou)